- PISISTRATE
- PISISTRATEPISISTRATE (av. \PISISTRATE 600-\PISISTRATE 528/27)Homme d’État athénien. D’origine noble, parent de Solon, Pisistrate est à la tête d’une expédition contre Mégare à qui il prend Salamine (\PISISTRATE 570 env.). Il se mêle aux luttes politiques qui opposent alors le parti des pédieis (gens de la plaine) à celui des paraloi (côtiers), dirigé par les Alcméonides. Contre eux, il crée la faction des diacrioi (montagnards) qui regroupe ceux que les réformes de Solon n’avaient pas satisfaits. Son éloquence et sa séduction subjuguent l’Assemblée malgré les avertissements de Solon. Un attentat simulé lui vaut une garde du corps avec laquelle il s’empare de l’Acropole et s’érige en tyran (\PISISTRATE 561/60).Ses ennemis n’avaient pas désarmé. Coalisés, ils le renversent quelques mois plus tard. De nouvelles divisions entre eux lui permettent, à la faveur d’une alliance avec les Alcméonides, de se rétablir bientôt. Une offense personnelle le brouille avec leur chef, Mégaclès, et il doit encore une fois s’exiler (\PISISTRATE 556 env.). Il se réfugie en Thrace où l’exploitation des mines du mont Pangée lui fournit les moyens de recruter une armée de mercenaires. Fort, en outre, de soutiens étrangers, il débarque, en \PISISTRATE 546/45 sans doute, près de Marathon, disperse ses adversaires en un seul combat et ressaisit définitivement le pouvoir.Comme tous les tyrans, Pisistrate est un ennemi de l’aristocratie. Sans l’anéantir, il prétend lui enlever la haute main sur l’État, dont il veut renforcer la cohésion et assurer la prospérité. Son caractère lui fait préférer les moyens pacifiques à la violence. S’il exile bon nombre de ses adversaires, il les laisse rentrer s’ils viennent à composition. Il les appelle même aux plus hautes fonctions: ainsi, le futur législateur Clisthène, chef des Alcméonides, devient archonte. Il se débarrasse des opposants en les aidant à s’établir hors d’Athènes. Mais il détruit le fondement de la prépondérance nobiliaire dans la cité: en créant les juges des dèmes, il soustrait les paysans à l’influence des grandes familles en tant qu’arbitres des querelles de village; en favorisant les cultes nationaux et populaires, il ruine leur prestige religieux. À l’égard du peuple, il feint de laisser la Constitution de Solon fonctionner normalement, mais il remplit les magistratures de ses créatures. Sous des apparences constitutionnelles, son pouvoir est absolu; cependant il l’exerce pour faire régner la paix et la prospérité.Solon n’avait pas complètement résolu la question agraire, faute d’avoir pourvu de terres tous les paysans. Pisistrate leur distribue les biens confisqués à ses adversaires; il crée une sorte de crédit agricole, alimenté sans doute par la dîme qu’il prélève sur les cultures, leur permettant d’améliorer leurs exploitations où les cultures arbustives, l’olivier surtout, remplacent les céréales peu rémunératrices. Les autres ruraux sans ressources trouvent à s’employer en ville où de grands travaux sont entrepris. En outre, les efforts de Solon pour diversifier l’économie commencent à porter leurs fruits: la céramique athénienne l’emporte sur tous les marchés et ses ateliers ont besoin de main-d’œuvre. Moteurs de la prospérité, ceux-ci entraînent l’essor de tous les autres corps de métier.L’équilibre social rétabli, Pisistrate s’efforce d’éveiller le sentiment national. Les temples qu’il fait construire flattent l’orgueil civique en même temps qu’ils fournissent du travail aux chômeurs. Ils ne sont d’ailleurs que le cadre d’une politique religieuse qui vise à exalter la cité et son unité. Aux dépens des cultes locaux inféodés à l’aristocratie, il favorise les divinités nationales et populaires: Athéna, qui devient vraiment grâce à lui la déesse de tous les Athéniens; Dionysos, dieu de la vigne et des paysans, Démèter et sa fille Corè, autres divinités agraires, dont les mystères, à Éleusis, ouvrent les portes de l’au-delà. Les fêtes, nouvelles ou renouvelées, de ces dieux panathénaïques font communier les citoyens dans une même ferveur patriotique. Lors des plus solennelles, bourgeonne une jeune civilisation vigoureuse: c’est aux dionysies que naît la tragédie. À cette activité spirituelle, le tyran contribue en attirant à sa cour les esprits les plus distingués et en établissant le texte définitif des poèmes homériques.Une habile diplomatie autorise et consolide ces brillants résultats. Elle maintient la paix sans laisser d’affirmer le rôle croissant d’Athènes et d’ouvrir les voies de son expansion future: aucune querelle de voisinage, un réseau d’alliances avec les autres tyrans, sans brouille avec Sparte, leur ennemie. Dans les Détroits, clés de la route du blé, Pisistrate met la main sur Sigée et, par personne interposée, s’assure la maîtrise de la Chersonèse. Enfin, protecteur de Délos, où il purifie le sanctuaire, il amorce les prétentions d’Athènes à être la métropole de tous les Ioniens.À sa mort, ses fils, Hippias et Hipparque, lui succèdent sans difficulté. C’est leur gouvernement qui attire sur la tyrannie l’exécration des Athéniens. Elle n’atteignit pas Pisistrate lui-même. Dans la mémoire populaire, son règne laissa même le souvenir de «la vie sous Cronos» (l’âge d’or), réputation méritée pour l’homme qui sut faire sortir Athènes des crises de l’archaïsme et jeta les fondements de sa grandeur classique.Pisistrate(v. 600 - 527 av. J.-C.) tyran d'Athènes. Aristocrate, il devint le chef des Diacriens (représentants de la paysannerie pauvre) et s'empara du pouvoir (560 av. J.-C.). Renversé et exilé deux fois, il rétablit son autorité après dix années d'exil. Il favorisa l'agriculture et le commerce, prolongea l'oeuvre sociale de Solon, fit élever de nombr. monuments et ouvrit une bibliothèque.
Encyclopédie Universelle. 2012.